vendredi 8 novembre 2013

Honduras, élections et l'avenir démocratique en jeu

L’élection doit marquer 
un tournant 
pour les droits humains


Par Amnesty International - France

Les candidats à l’élection présidentielle au Honduras doivent promettre de faire face à la terrible crise des droits humains que connaît le pays, en vue d’enrayer l’escalade de la violence, de l’insécurité et de l’impunité, a déclaré Amnesty International à l’approche du scrutin, prévu le 24 novembre 2013. Dans un courrier adressé aux huit candidats à la présidence, l’organisation les a exhortés à affirmer leur détermination à faire respecter les droits humains.

"La situation des droits humains au Honduras est critique et l’avenir du pays est littéralement en jeu". 

A averti Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.

« Ces élections pourraient marquer un tournant et les candidats à la présidentielle doivent s’engager à mettre en œuvre des changements concrets et à mettre un terme aux violations généralisées des droits humains que subit la population du Honduras. »

La lettre aux candidats à l’élection présidentielle expose en détail la profonde crise des droits humains, qui se caractérise notamment par des homicides, des agressions physiques et des menaces ciblant les défenseurs des droits humains.

« Ceux qui défendent les droits fondamentaux courent chaque jour des risques terribles pour mener à bien leur travail essentiel, dans une société empoisonnée par des taux élevés d’inégalité, d’insécurité et d’impunité, a poursuivi Guadalupe Marengo.

« Les prochaines élections offrent une nouvelle occasion aux futurs dirigeants honduriens de tourner la page de cette situation désastreuse. Nous avons hâte de voir émerger des projets et des propositions accordant la priorité à la protection des droits humains et de ceux qui les défendent. »

En mai 2013, une délégation d’Amnesty International s’est rendue au Honduras et a recueilli des informations sur les actes de harcèlement, les menaces et les agressions dont sont victimes des indigènes, des afro-honduriens et des dirigeants paysans, des militants des droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI), des avocats et des journalistes.

Au mois de juillet, trois défenseurs des droits humains ont été assassinés en l’espace de 10 jours :

Le 24 juillet à midi, la juge Mireya Efigenia a été abattue à El Progreso, dans le nord-ouest du pays. 

Le 21 juillet, le corps sans vie du militant LGBTI Herwin Alexis Ramírez Chamorro a été retrouvé sur les rives du fleuve López Bonito, dans la zone côtière de La Ceiba, dans le nord du pays. 

Le 15 juillet, Tomás García, éminent dirigeant autochtone, a été abattu par l’armée lors d’une manifestation pacifique à Río Blanco, dans le département d’Intibucá.

« La situation des droits humains au Honduras se détériore chaque jour. Il semble que personne ne soit à l’abri des violences et de l’insécurité qui gangrènent le pays. Ceux qui défendent les droits fondamentaux sont particulièrement exposés aux violations et aux agressions », a constaté Guadalupe Marengo. 

Facteur majeur d’inquiétude, la police et l’armée contribuent à la violence au lieu de la combattre, situation exacerbée par une absence quasi totale d’obligation de rendre des comptes pour les violations commises. 

Des affaires comme celle d’Ebed Yánez l’illustrent parfaitement. Le 26 mai 2012, cet adolescent de 15 ans a été abattu à un poste de contrôle de l’armée à Tegucigalpa, alors qu’il circulait à moto.

Amnesty International a invité les candidats à l’élection présidentielle hondurienne à s’engager à protéger efficacement les défenseurs des droits humains, à renforcer le système judiciaire et l’état de droit, à éradiquer l’impunité pour les violations des droits humains, et à garantir la justice et des réparations pour les victimes de violations, en particulier pour les personnes et les groupes vulnérables.

« Nous attendons des candidats qu’ils annoncent publiquement avant le 24 novembre, jour du scrutin, qu’ils feront tout pour résoudre ces questions décisives, a indiqué Guadalupe Marengo.

« Les Honduriens ont le droit de vivre leur vie sans crainte ni menaces et de compter sur les institutions étatiques pour faire respecter leurs droits humains. Nous espérons que les candidats réagiront avec l’urgence que nécessite la situation. Les droits humains doivent être au cœur de ce scrutin et imprégner les propositions portées par les huit candidats. »

Complément d’information :
 
Selon les chiffres des Nations unies, le taux d’homicides au Honduras s’élevait à 92 pour 100 000 habitants en 2011 – taux le plus élevé au monde. En 2010, 82 % des homicides commis dans le pays impliquaient l’utilisation d’une arme à feu.

En avril 2013, l’ancien procureur général a affirmé devant le Congrès que seuls 20 % de ces homicides avaient fait l’objet d’investigations.
 
Selon l’Institut national des statistiques, en 2010, plus de 60 % de la population vivait dans la pauvreté et plus de 40 % dans une extrême pauvreté.

La police et l’armée honduriennes ont joué un rôle crucial dans le coup d’État qui a chassé du pouvoir le président Manuel Zelaya en juin 2009. À la suite d’élections, le président actuel, Porfirio Lobo, est arrivé au pouvoir en janvier 2010. 

Les autorités honduriennes n’ont pas pris en compte les graves violations des droits humains consécutives au coup d’État et aux élections. 

Durant cette période, des policiers et des soldats se sont rendus responsables d’arrestations massives, de passages à tabac et d’actes de torture. Personne n’a encore été sanctionné pour ces agissements.

Vous pouvez lire la lettre dans son intégralité (en espagnol ou en anglais) en cliquant sur : Cliquez ici !
 
Vous pouvez lire les manifestes des candidats à la présidentielle qu’Amnesty International a reçus en réponse à sa lettre en cliquant sur : Cliquez ici !
 
Pour consulter des documents publiés par Amnesty International sur le Honduras, cliquez sur : Cliquez ici !